“TOY”
FRAC nord pas de calais, Dunkerque.
Collectif PAL.
2014




"TOY", vue d'exposition, FRAC de Dunkerque, collectif PAL. 2014


Le collectif PAL est un groupe d'artistes oeuvrant dans la rue avec le graffiti comme dans les centres d'arts. L'exposition "Toy" au FRAC de Dunkerque exprime par une série de détournements grotesques et brutaux la répulsion du groupe face à l'appellation "street-art", mouvement indéfinissable qui englobe aujourd'hui à tort le graffiti, véritable culture marginale dont nous sommes tous les fils.

Le Toy est un terme ambivalent, décrivant dans le mouvement graffiti à la fois le non-initié, incapable de produire une matière appréciable et à la fois le geste de saborder une oeuvre concurrente. Le paradoxe entre bouffon et agresseur est au coeur de cette exposition : comment survit ce qui est censé être mauvais ?

A cloche pied entre la violence et la désuétude le toy génère et suscite convoitise, il est l’impalpable bruit de couloir fascinant du graffiti : c’est le clou du spectacle qui tente de devenir art.

Dans ces quatre oeuvres se répondant telles les piliers d’un instable édifice, s’affrontent la surface plane de l’information et le désir de volume des idées.



"Eloge", Impression numérique et matériaux divers, 195 x 225 cm. 2014


Ici un agrandissement d’un exemple significatif de ce qui est désigné par « street art » sur une toile éventrée par un sandwich purulent. La case « fourre-tout » street art est démasqué par le zoom avant. Le grossissement des pixels souligne l’absence d’âme et le projet mercantile d’une telle oeuvre : l’irruption, tel un crash d’avion, d’une véritable denrée alimentaire dans cet artefact de noblesse est l’incarnation, tel un miroir, de son but réel.


"Poulpe-friction", aérosol sur parpaings, 220 x 535 cm. 2014


Un mur se dresse dans la galerie pour retranscrire l’aspect unique du graffiti. En recouvrant avec une simple bombe par un tag primitif la production d'un autre artiste, le « toyage » prend sens.

Signifier à son adversaire tout en englobant son esthétique le dégout qu’il inspire est une des particularité de ce mouvement se définissant comme libre, ou en quête de liberté(s), et dont les acteurs ne font que reproduire les codes policiers paramétrant leur univers. Cependant le « toyage » donne naissance à de nouvelles créations où se côtoient humour et violence et où les degrés de lecture se superposent.



"Latoya", mousse et plastique, 320 x 210 x 245 cm. 2014


l’une des expressions les plus comiques de la mode du street art est le « artoyz ». Comme si le cheminement ultime de l’aventure urbaine débouchait sur un retour à l’intime, au monde de l’enfance, au jouet. Le fruit d’une errance sans but dans le monde de l’art abouti pour nous au retour à un sentiment infantile, rassurant, un objet que l’on peut posséder et contrôler. Ce rapport au plastique que nous avons fondu, c’est le rapport à la matière auquel l’artiste « street art » ne s’est pas correctement confronté.




"Les cracheuses", Imprimantes sur socle. Performance pendant le vernissage. 2014


En arrière plan les cracheuses, où l’imprimante comme matérialisation des impressions que crée internet sur les esprits actuels. Ce brouhaha d’information sans fin, s’actualisant perpétuellement ne laisse pas de répit à l’amateur tentant de se forger un sentiment sur son époque. En incarnant, par un flot continu de papier se déversant au sol les différentes images que génère ce nouveau dictat de l’information, nous souhaitons mettre en avant la déhiérarchisation de l’opinion, et nous suggérons au public physiquement présent de piétiner allègrement cette matière vile.